Dans un port aux allures effrayantes qui semble avoir été dévasté par une guerre qui ne dit pas son nom, un jeune homme joue de la flûte sur la proue d’un voilier abandonné. Déjà, le son calme le paysage et la dominante rouge et agressive laisse place à celle plus douce du bleu. Tout à coup dans l’eau, charmée par le son, une sirène apparaît. Mais la parenthèse enchantée n’a qu’un temps. Bien vite, les oiseaux macabres dans ce décor de grues, de filins métalliques, d’amas de résilles et d’arêtes, de carcasses à la dérive menacent.
Si comme toujours chez Raoul Servais le propos verse plutôt du côté du drame, ce n’est pas pour autant que l’humour (noir en l’occurrence ici) est laissé de côté. Et cet humour s’assortit d’une critique des institutions en place telles que l’hôpital, la police, la justice capable de « trancher » au sens premier du terme.