Avis

Réalisateur, journaliste et scénariste, considéré comme l'un des maîtres du film documentaire, Raymond Depardon est avant tout un reporter qui a créé l'agence Gamma en 1966 avec Gilles Caron. Il a centré son intervention sur l’hôpital psychiatrique de San Clemente en Italie, un reportage très dur où il a dû se confronter à la "folie" et se poser les "bonnes" questions. De quel droit faire une image ? Pour dénoncer quoi ? Qu’est-ce qu’une bonne photographie ? Est-il un voyeur ? Les planches bougent de droite à gauche dans un mouvement lent et continu de photos qui se suivent comme les photogrammes d’un film : des couloirs, des cours, des chambres, des corps prostrés, des visages plus ou moins perdus, soit toute la tristesse de la vie asilaire. Comme les photos défilent, le discours de Raymond Depardon coule, poétique, rauque, pressé. Il dit son angoisse, la violence de son métier, sa peur, ses doutes, sa solitude de guetteur et de voleur d’images. Il évite l'anecdote et reste dans une réflexion générale qui s’achève sur ce qu’il sait et qu’il sent : "la douleur, c’est le cadre", "la lumière, c’est le bonheur".