Résumé
László Moholy-Nagy filme les Roms qui vivent dans les quartiers berlinois de Wedding et Marzahn. Les images qu'il offre reflètent l'intérêt honnête et engagé du cinéaste pour les gens.
Avis
Un extraordinaire document sur des scènes de la vie quotidienne des Tziganes. Il comprend de nombreuses et brèves séquences : jeux d’enfants sur un terrain vague, départ des roulottes, foire aux chevaux, danse, querelle de joueurs ou de ménages, diseuses de bonne aventure... D’abord, il faut souligner le courage d’un tel sujet dans une Allemagne où la censure interdisait la représentation de toute situation sociale contemporaine et l’on sait que les Roms ont été, avec le peuple juif, les victimes de l’holocauste nazi. Ensuite, László Moholy-Nagy qui se qualifiait à la fois de cinéaste amateur et d’avant-garde, avait d’énormes difficultés pour produire et distribuer ses films. Chaque nouveau projet était une aventure épuisante. Aussi a-t-il laissé une liste de sujets qu’il n’a jamais pu réaliser : révolte des pêcheurs, le ventre de Berlin, la vie d’une rue, film sur le chômage ; s'il a pu tourner un sujet sur les Roms ce travail est resté confidentiel. Enfin, il convient de souligner la force des plans et des cadrages dont la justesse n’est jamais esthétisante ni d’une virtuosité vide mais toujours liée au mouvement et à la composition émotionnelle de la scène. Ainsi, chaque photogramme possède comme toujours avec lui une parfaite intensité photographique. Le film dégage un sentiment spontané et intime de cinéma vérité, souligné par l'utilisation de sauts de coupe et d'une caméra mobile qui ne cesse de tourbillonner.