Résumé
Au départ, l'idée de demander à Pierre Alechinsky ce qu’il pense de la reproduction de ses tableaux captés par une caméra. Mais très vite, le peintre va entraîner le cinéaste dans son univers.
Avis
Au départ, une idée de cinéaste : demander à Pierre Alechinsky ce qu’il pense de la reproduction de ses tableaux captés par une caméra de télévision. Est-ce que les couleurs sont exactes et sinon comment arriver à une plus grande fidélité ? Ce postulat purement technique tourne court et c’est le peintre qui va entraîner le réalisateur sur son territoire et le faire entrer dans ses interrogations. C'est là que le film devient passionnant, ouvert comme une grande conversation. Pourquoi est-il passé de la peinture verticale où la toile est posée sur un chevalet, à la gestuelle orientale où le papier est posé à même le sol ? Comment s’est faite sa découverte de l’acrylique avec l'œuvre charnière 'Central Park' (1964) ? D’où est venue l’idée des "remarques marginales" mises autour d'un motif central ? Que lui a appris la calligraphie japonaise ? Comment utilise-t-il les papiers anciens, lettres, cartes de géographie, factures du siècle passé ? Le film s'achève sur les séquences fascinantes de l’élaboration d’une œuvre où l’on voit le peintre entrer en création, faire et expliquer ses choix et ses gestes, commenter son travail. Cette structure vivante où l’intervieweur n’est qu’un orienteur donne à ce film une liberté et une intelligence qui gomment toute information au profit de la rencontre : il s'agit d'un portrait juste.