Résumé
Le film mélange des œuvres différentes pour tenter de saisir les représentations des faits d’armes dans l’Italie des 12 et 13ème siècles. Avec sa technique habituelle qui transforme une série de tableaux statiques en un récit continu, Luciano Emmer parvient à raconter une véritable histoire de bataille médiévale.
Avis
À travers plusieurs peintures, comme le portrait de Guidoriccio da Fogliano par Simone Martini (datant de 1328 et figurant sur un mur du Palazzo Pubblico de Sienne), de 'Cacciata dei Bonacolsi' de Domenico Morone (daté de 1494 et conservé au Palazzo Ducale de Mantoue), les batailles peintes par Paolo Uccello, Piero della Francesca ou Spinello Aretino, 'Guerrieri' mélange les œuvres de différents peintres pour saisir les représentations permanentes et communes aux faits d’armes dans l’Italie des 12 et 13e siècles. Avec sa technique habituelle qui transforme une série de tableaux statiques en un récit continu, Luciano Emmer parvient à raconter une véritable histoire de bataille médiévale. Par le choix des détails des œuvres et l’échelle des plans, par le montage et par le choix de musiques dramatisantes (et parfois pléonastiques), Luciano Emmer, Enrico Gras et Tatiana Grauding créent une tension dramatique allant crescendo jusqu’au paroxysme de la bataille, puis une lente retombée où s’expriment douleur, prière et tristesse des femmes. Les cinéastes créent là un archétype de la bataille médiévale à travers son imagerie la plus sophistiquée, celle produite par les grands peintres de l’époque. Ce film, sans aucun texte parlé ni commentaire, peut rappeler, par son rythme et son montage s’accélérant, les scènes les plus expressives du cinéma muet comme la scène de l’escalier d’Odessa dans le 'Cuirassé Potemkine' d’Eisenstein.