Résumé
Le cinéaste Christophe Loizillon a pris rendez-vous avec le peintre polonais Roman Opalka qui vient de passer 21 ans de sa vie à peindre des chiffres sur des toiles de mêmes dimensions et qu’il appelle Détails. Le réalisateur compte bien filmer son passage à 4.000.000. Il est venu pour ça…
Avis
Un type compte. Rien de plus banal en somme. Mais quand ce type s’échine, jour après jour, à peindre les secondes du temps qui passe pendant plus de 20 ans, la banalité se transforme en acte de foi, en acte fou ou salvateur, c’est selon.
Sur des toiles de mêmes dimensions, Roman Opalka a donc construit une œuvre qui enregistre le temps. Le temps, c’est aussi l’affaire du cinéaste Christophe Loizillon qui sait, avec sa caméra, lui donner du sens, arrêter ses plans séquences au moment juste. Affaire de détail, les deux hommes avaient sans doute tout pour se comprendre, et c’est ce qu’ils font. Le visage marqué d’Opalka nous fait face, sa voix déterminée et presque murmurée nous explique comment sa vie a pris tout son sens avec ce geste répété à l’infini et qui occupe ses heures. La seconde est passée, mais elle a été notée sur la toile, le morceau de sucre dans la tasse à café a déjà disparu, mais il pourra renaître par la magie cinéma. Le peintre se prépare et compte en polonais pendant qu’à l’écran les chiffres blancs se succèdent. Silence. Le moment sera t-il solennel ? Se passera t-il quelque chose quand tout à coup le chiffre 3 peint un million de fois se transformera en 4 ? Ou le monde continuera t-il comme si rien n’était, à l’image de cet Icare en train de se noyer dans le tableau de Bruegel ? Et si au fond, tout n’était qu'un détail.