Résumé
Dans le chaos de son atelier, le peintre Francis Bacon s'entretient avec son ami et historien d'art David Sylvester. Une discussion à bâtons rompus. Un classique du film sur l'art d'une grande richesse.
Avis
Une conversation dans l’atelier de Francis Bacon (un chaos, un monument indescriptible de désordre, mais il ne peut pas travailler sans ce magma) avec son ami, l’historien d’art David Sylvester. À bâtons rompus, avec élégance et naturel, Francis Bacon nous raconte ses années de bohème, de formation autodidacte, Berlin, Paris, tout cela sans souci de chronologie. Il aborde sa manière de travailler, son goût du plaisir, "sa surexcitation de la vie". Il évoque les peintres qui ont été essentiels pour lui, Diego Vélasquez, Vincent Van Gogh, Pablo Picasso, de même que d'autres figures comme Eadweard Muybridge, Sergueï M. Eisenstein et Luis Buñuel. Face au cinéma, il a la certitude que les peintres doivent réinventer le réalisme. Les propos sont vifs, brillants, profonds. Par mimétisme, la manière de filmer devient elle aussi baconienne : elle capte cette intimité comme une action, fait des gros plans de son visage, de son corps (qui ressemble aux portraits qu’il fait) et les tableaux arrivent au cours de cet échange, non comme des illustrations mais des objets importants qu’il faut avoir sous les yeux à ce moment-là. Le canapé, la rue sinistre, la bouteille de grand cru donnent à ce film son atmosphère particulière. Le décor est filmé ici comme un champ de bataille où les morts sont des pots de peinture témoignant de la violence des tableaux.