Avis

Alfred Manessier, quatre-vingts ans, parle. C’est sa voix, le plus souvent en off, qui charpente le film. Si les images montrent les œuvres de l’artiste, les séries 'Marais', 'Hortillonnages' et 'Passions', son travail de faiseur de vitraux, elles sont surtout l’accompagnement. Elles illustrent une belle méditation où le peintre raconte, en quatre chapitres, un itinéraire intime : 'Paysages intérieurs', 'Ombres et lumières', 'Les lumières spirituelles' et 'Les passions'. Il dit son enfance heureuse dans un milieu ouvrier engagé, son rapport privilégié à sa mère, le tout baigné par l’appartenance forte et déterminante à une région, la baie de Somme dont les paysages marins, les ciels, les sables et les lumières ont été son territoire d’inspiration et de recherche. Il aborde également son rapport à ses toiles, qu’il "faut aimer, écouter, sans jamais rien imposer à la peinture". "La construction d’une œuvre est mélodique, comparable à celle d’une symphonie." Aussi, la longue et belle séquence consacrée aux vitraux de la chapelle du Saint Sépulcre où il parle des couleurs comme des notes d’une partition est-elle accompagnée de la musique de Bach. S’il n’a jamais dissocié son travail d’une quête spirituelle, cette dernière ne l’a pas éloigné de la participation active aux drames de l’histoire contemporaine dont il témoignera dans de grandes toiles abstraites et violentes. Le film propose en alternance et parallèle des plans de paysages, les tableaux qui s’en sont inspirés et des séquences du peintre au travail.