Résumé
Dans la maison de Marianne Berenhaut, Violaine de Villers promène sa caméra et écoute l'artiste belge. Balade dans un monde où tout devient art à la manière de la rencontre entre le fameux parapluie et la machine à coudre...
Avis
Objets inanimés avez-vous donc une âme ? La sculpteuse belge Marianne Berenhaut se raconte des histoires de monstres, imagine la Belgique envahie par les Indiens, collecte parce que "c’est joli", et finalement existe-t-il une raison plus valable ? Petite, vive, les yeux ronds comme ceux d’un hibou, elle parle à cœur ouvert, à l’image de sa maison qui accueille tout. Et lorsqu’on lui demande pourquoi, Marianne souffle un peu, esquisse un "oh tu sais…" qui engage un "pourquoi pas ?" Et en effet, pourquoi ne pas garder un tampon hygiénique immaculé et le coller près d’un coquillage sur une longue page blanche ? Pourquoi ne pas aligner, en rang d’oignons, ces clous de chaises longues qui semblent attendre quelque chose ? Pourquoi ne pas s’émerveiller de ce papier de soie qui, en prenant la lumière, a viré au bleu d’un azur surnaturel ? Car ce qui compte, bien entendu, c’est le regard, et celui de Marianne Berenhaut ne cesse d’enchanter le monde et de nous étonner. Et apprendre à l’autre à regarder, c’est peut-être finalement ça, le but ultime de l’artiste.
Plus que des installations, les œuvres déplacent à la fois les objets et le regard lui-même. Plus qu’une logique créatrice, c’est l’illogisme qui est acte de création. Et la caméra de Violaine de Villers joue elle aussi, s’attarde sur les pièces de cette étrange maison remplie d’objets hétéroclites comme s’il s’agissait encore d’installations, et tout s’enchante, prend un sens nouveau, nous raconte de nouvelles histoires qu’il ne nous reste plus qu’à inventer nous-mêmes.