Résumé
Entre présence et absence, le film cherche à cerner la personnalité énigmatique de Léon Spilliaert et à nouer un dialogue intime avec une œuvre mélancolique et hantée.
Avis
Le documentaire de Wilbur Leguebe, 'Les silences de Spilliaert', est loin d’être une simple biographie du peintre belge. S’il semble suivre une ligne chronologique, le film s’attarde longuement sur les premières années de sa vie, sa meilleure période, celle des années de doute et de repli, pour essayer de comprendre cette personnalité énigmatique. Pour approcher de plus près l’œuvre et l’artiste, trois voix nous guident. La première lit les écrits de Léon Spilliaert. À travers des lettres, des extraits de son journal, Spilliaert se livre, raconte son enfance, ses peurs et ses angoisses. La deuxième voix est celle d’un narrateur-ami qui, à la deuxième personne, interroge directement l’artiste et ses toiles et ainsi nous les rend plus proches. Enfin, une narratrice extérieure nous donne les éléments biographiques importants et le contexte de l’époque. Ces trois voix, qui ne cessent de s’entremêler, font écho à la dynamique des arabesques et des courbes que l’on retrouve dans les tableaux de l'artiste. La technique du morphing, utilisée dans le documentaire, transforme les contours, et crée un passage d’une toile à l’autre, d’une réalité à une autre. La vague se fait femme, l’escalier se fait tour, les lignes, qui deviennent presque liquides, sont épurées et poussées parfois jusqu’à l’abstraction. La caméra s’attarde sur les tableaux, les questionne, creuse le mystère qui reste, le plus souvent, irrésolu car, chez ce peintre, les figures demeurent obscures et anonymes, le jeu du clair-obscur échappe à toute logique, et le lieu est un lieu onirique jamais véritablement défini. Un documentaire dans l’intimité qui nous conduit à la lisière du fantastique, dans le territoire étrange et inquiétant de sa sensibilité.