Résumé
Loin des clichés sur la peinture bourgeoise et légère du peintre français Pierre Bonnard, Yann Kassile revient sur ses œuvres, ses notes et ses textes pour nous donner à en comprendre la méditation philosophique.
Avis
Comme beaucoup de films sur l’art, ce documentaire présente de nombreuses œuvres du peintre, des dessins ainsi que des documents personnels. Il ne s’agit pourtant pas d’un simple film sur Pierre Bonnard, mais bien d’une leçon, non pas didactique et professorale qui tirerait des bâillements d’ennuis, mais brillante, étincelante, une de ces leçons qui, grâce aux images, éblouit la rétine, grâce au discours, stimule l’esprit. Double leçon même, pourrait-on dire. La première, de peinture, par le peintre lui-même, qui, par ses notes d’agendas, ses extraits de lettres et ses toiles, nous apprend à regarder non seulement la peinture mais à regarder tout court. La seconde, de philosophie, à la manière de Rilke à un jeune poète, qui propose une méditation sur la solitude, la création et l’accomplissement intérieur. Car Pierre Bonnard n’est pas le peintre du quotidien comme on l’entend trop souvent, mais bien plutôt le peintre de l’intériorité : les choses et les êtres qu’il représente sont une célébration pure de l’esprit, elles existent en nous, deviennent, demeurent. Loin des images convenues du bonheur intimiste, de la vie bourgeoise et des menus plaisirs, sa peinture mêle angoisse, sensualité et sentiment tragique de la vie qui éclate dans une maîtrise chromatique stupéfiante. Et qui mieux que Yann Kassile - passionné par la philosophie japonaise, spécialiste de Nietzsche - pouvait nous donner les clés qui permettent d’entrer réellement dans cette œuvre ? Dix-huit chapitres pour voir, dix-huit chapitres pour comprendre ce peintre inclassable à la recherche de l’absolu, là est la magie du cinéma.