Résumé
Anemic Cinema' alterne dix disques optiques réalisés en 1923 et neuf contrepèteries en spirales. Tourné en 35mm, ce court-métrage en noir et blanc réalisé par Marcel Duchamp en 1926 est un classique du cinéma expérimental.
Avis
Dans les années 1920, des Dadas, des surréalistes s’intéressent au cinéma parce que c’est un art populaire, jeune, qui n’est pas (rêvent-ils) ni frelaté ni contaminé par les valeurs institutionnelles de l’art. Duchamp, entre sa 'Roue de bicyclette' (1913) et ses Rotoreliefs qui témoignent de ses recherches sur le mouvement circulaire, s’est amusé avec 'Anemic cinema' à faire une synesthésie de l’image mouvante, de la spirale et de disques où il a inscrit des aphorismes en forme de jeux de mots. "On demande des moustiques domestiques (demi-stock) pour cure d’azote sur la Côte d’Azur" ou " Parmi nos articles de quincaillerie paresseuse nous recommandons le robinet qui s’arrête de couler quand on ne l’écoute pas" ou encore "L’aspirant habite javel et moi j’avais l’habite en spirale". Man Ray qui a participé au film raconte : "Je me suis rendu compte que la vitesse était un phénomène purement optique. Duchamp a disposé, sur une surface plane, des spirales mobiles de façon à ce que lorsqu'elles tournent, elles donnent une impression de profondeur. Des spirales planes devenaient des entonnoirs. Tout l’art cinétique actuel vient de là". Les 7 minutes d’'Anemic Cinema' sont un chef-d’œuvre de ce qu’on appelait alors le cinéma pur, c’est-à-dire celui qui transforme les schémas spatiaux traditionnels, qui touche immédiatement le public, permet d’accéder à des zones mystérieuses et s’appuie sur des éléments matériels spécifiques au cinéma.