Résumé
Le réalisateur belge Thierry Zéno part à la rencontre de Georges Moinet, schizophrène interné depuis quinze ans dans un hôpital psychiatrique Devant la caméra, l'homme jusqu'alors totalement muet retrouve la parole, montre ses dessins, explique ses méthodes et ses visions.
Avis
Un couloir, des cours, des salles communes qui sentent l’hôpital. Georges Moinet vit là depuis quinze ans. Il est schizophrène. Il peint. Il a refusé de parler pendant de longues années. Maintenant, devant la caméra de Thierry Zéno, il le fait. Il lit des papiers, explique ses tableaux et sa conception du monde qu’ils illustrent, une cosmogonie personnelle liée au fonctionnement du cerveau et de la cellule, à l’univers animal. Le discours est à peine audible, cohérent dans la logique de la "folie", dans un postulat de démiurge et d’autodidacte. Georges Moinet parle en voix off ou en son direct. À l’arrière-plan, des bruits d’asile avec un écho et un brouhaha de salle commune. Thierry Zéno a choisi de filmer le visage du peintre comme ses tableaux, en gros plan. Il se rapproche des yeux, de la bouche, de la barbe, du menton, comme il capte un fragment de tableau. Dans l’art brut, plus encore qu’ailleurs, la personnalité et la création sont étroitement liées. Le rapport au monde et l’œuvre aussi. Une approche sans complaisance d’un sujet difficile, et une mise en mots d'une grande inventivité.