Résumé
Après avoir traversé les deux guerres mondiales et connu la misère, les échecs et les deuils, Bram van Velde raconte ses recherches et son parcours avec une grande franchise, au seuil de la mort dans l'intimité de sa maison.
Avis
Une demi-heure passée en face du peintre Bram van Velde, l’année même de sa mort. Un homme âgé, timide comme un enfant, qui dit sa peur d’être filmé : "J’ai la trouille." On entre dans l’intimité de son jardin, de sa maison, de ses silences, de ses albums de photos. Il s’agit d’une interview faite avec respect et sensibilité, qui ne casse pas le rythme du personnage, ne le déplace pas. Bram van Velde ne triche pas. Il dit de grandes choses simplement, des choses surprenantes pour un peintre : "Je ne vois pas grand-chose, le réel m’intéresse très peu." Il parle du besoin de faire un tableau, de la lenteur de son travail, des années noires sans inspiration, de son enfance très pauvre. Il raconte la guerre, son amitié avec Samuel Beckett, des pinceaux qu’il ne jette jamais même s’ils sont usés jusqu’au manche. Le grand mérite de Jean-Michel Meurice est de nous communiquer l’émotion d’un corps usé, d’une personnalité retenue et forte, de filmer des mains, un regard, un merveilleux petit rire, des silences et des phrases terribles comme : "On n’est pas toujours assez vivant."