Résumé
Le film nous embarque dans un voyage en camion, des montagnes du Jura à Vladivostok, en compagnie du cinéaste Antoine Page et de l’artiste Bilal Berreni, dessinateur et grapheur qui sème en route ses images et ses installations.
Avis
Un road movie ne serait pas un road movie sans la présence d’un camion qui n'avance pas, qui cale, s’embourbe, qu’on doive pousser jusqu’à ce qu’il tombe en panne sèche. Un road movie artistique ne serait rien si, au gré des rencontres, des œuvres ne trouvaient pas leur place sur le chemin… Une figure de vache gigantesque sur une grange. Des silhouettes blanches de marins peintes sur la coque d'un navire rouillé. Une incroyable installation sur les marches d’Odessa en hommage au - non moins incroyable - 'Cuirassé Potemkine' de Sergueï Eisenstein. Si le film porte une grande attention à la réalisation du travail de Bilal Berreni qui se nourrit à la fois des lieux et des rencontres, il met aussi en scène la reconstitution des moments vécus avec de petites silhouettes de papiers découpés qui rejouent le voyage sur un mode proche du théâtre d’ombres. Et c'est peut-être ce mode ludique, entre western et conte-documentaire qui cherche à compenser la profonde mélancolie qui se dégage du monde qui les entoure, un monde qui semble avoir perdu ses rêves et ses idéaux. Tourné bien avant 'Visages villages' qui semble, en comparaison, une pâle copie, 'C'est assez bien d'être fou' tire sa puissance à la fois des œuvres réalisées et de sa façon de se réapproprier le réel et d'ouvrir son imaginaire.