Avis

1949. Knokke, Belgique. Dans cette petite ville côtière, va se tenir l’un des événements les plus importants de l’histoire du cinéma d’avant-garde : le festival EXPRMNTL. Il ne connaîtra que cinq éditions, entre 1949 et 1974, au cours desquelles toutes les déclinaisons du genre seront proposées, dépassant parfois le cadre du cinéma. Des happenings eurent également lieu comme l’élection d’une miss expérimentation sous le regard des tableaux de René Magritte. Retracer l’histoire de ce festival, c'est plonger dans un climat de fête contestataire inoubliable pour celles et ceux qui y ont goûté et voir une foule de talents novateurs de l'époque, Kenneth Anger, Stan Brakhage, Gregory Markopoulos, Michael Snow, Stephen Dwoskin, et pour les dernières éditions, l’intérêt manifesté pour l’art vidéo avec les installations de Nam June Paik.
Le film de Brecht Debackere, qui reprend pour affiche celle réalisée par Alechinsky restée dans toutes les mémoires des cinéphiles, est constitué de documents d’archives et d'extraits de films cultes. Il fait la part belle aux témoignages de cinéastes belges (Eric de Kuyper, Roland Lethem ou Boris Lehman) ou d'ailleurs (Jonas Mekas, Agnès Varda, Harun Farocki ou Michael Snow). Il tente aussi de parcourir les définitions données à ce mot "expérimental", terme déprécié, souvent rejeté mais qui selon Jonas Mekas mettait les cinéastes au rang des peintres, des musiciens et musiciennes. EXPRMNTL nous apparaît aujourd’hui comme un moment exceptionnel, le miroir d’un âge d’or, l’invention d’une nouvelle manière de penser le cinéma en référence aux autres arts.