Résumé
Installé dans son bureau, le compositeur György Ligeti se raconte. Dans la pièce, un écran de télévision projette les images qui illustrent ses propos. Un film et une vie romanesques.
Avis
Faire un film sur un compositeur ou un musicien est terriblement difficile car il faut éviter à la fois le côté anecdotique de la vie racontée et l’aridité de la captation d’un concert. Michel Follin a contourné ces deux obstacles en donnant la parole à György Ligeti. Le compositeur juif hongrois est né en Transylvanie, de nationalité roumaine il a ensuite été naturalisé autrichien : un périple de vie fracturé par les séismes de la Seconde Guerre mondiale. Installé dans le bureau où il compose, Ligeti parle de son enfance, de ses influences (le folklore d’Europe centrale et la musique traditionnelle africaine), de Karlheinz Stockhausen, de Béla Bartók, d’Andras Szöllösy, mais aussi de la persécution nazie qui l’a condamné à l’exil et lui a laissé "une sombre haine". Dans la pièce, un écran de télévision où sont projetées quand il en est besoin des images (archives, photographies de famille, bandes d’actualité, paysages), permet ainsi d'ouvrir le discours-confidence sur la visualisation des faits évoqués. La structure du film est rythmée par des images de trains et de gares qui donnent à l’involontaire nomadisme du musicien, un sentiment de nostalgie. Elle inclut aussi de nombreux extraits de ses compositions les plus marquantes. Un très beau documentaire qui emprunte à la fiction une mise en scène romanesque - celle des voyages et de l’errance - soignée et convaincante.