Résumé
Toshio Matsumoto - pionnier japonais du cinéma expérimental - réalise ici une épopée visuelle, un éventail d'expérimentations qui correspond au changement constant dans le cosmos.
Avis
Les travaux expérimentaux de Toshio Matsumoto sont fondés sur des processus d'incrustation, de scission, de stratification ou d'enchevêtrement de gros plans où les images semblent se désintégrer, se fragmenter et se recombiner sous des modulations incessantes. Ses œuvres sont caractérisées par la pensée orientale qui met l'accent sur l'harmonie entre l'homme et la nature, contrairement à la vision occidentale qui se fonde plutôt sur leur division. Coproduit par l'architecte Isozaki Arata, 'Ki - Respiration espace/temps du Japon' se divise en chapitres marqués par des images projetées sur des objets traditionnels japonais, comme le washi (papier japonais), un éventail, un paravent byōbu. Les trois sections du film se concentrent sur la nature japonaise ancienne - des montagnes couvertes de brume, un groupe de statues de Jizo, des vagues qui clapotent sur le rivage - toutes habitées par la même femme pâle fantomatique, ses mouvements invoquant le Nō. Le mot japonais "ki" signifie air et souffle, élément de base de l'existence de toutes les créatures. Dans la pensée orientale, il existe aussi une sorte d'air dans l'univers entier, il circule et c'est lui qui met le cosmos en mouvement. Le film nous propose un rapport au monde, au temps, à la durée, à la nature qui appartient à l’espace japonais. La virtuosité visuelle est intensifiée et complétée par la bande originale du compositeur japonais Toru Takemitsu qui a été fortement influencé par Claude Debussy et a créé une série intitulée 'Waterscape' contenant des partitions en perpétuelle métamorphose tonale.