Résumé
Rencontre avec Aloïse Corbaz, une des personnalités les plus importantes de l'art brut. Tourné quelques années avant sa mort dans l'hôpital psychiatrique dans lequel elle est enfermée, ce documentaire la montre au travail.
Avis
Une vieille dame soignée et effacée circule dans un couloir, un gros rouleau de papier sous le bras. On la retrouve ensuite dans une pièce d’une tristesse fonctionnelle, ouvrir une boîte de pastels et se mettre à dessiner. Ces deux scènes sous-tendent l’émotion d’un film où l’on voit les dernières images d’Aloïse, grande peintre d’art brut, schizophrène qui a passé quarante-cinq ans de sa vie dans un hôpital suisse à construire, avec ses dessins, un monde magique qui l’a rendue célèbre. Le film, qui date de 1967, l’entoure évidemment d’un discours médical et paternaliste qui n'aurait plus cours aujourd'hui. On y décortique l’exploration des symboles contenus dans ses tableaux, l’explication clinique de sa "folie" (abolition de la notion de temps, dissociation de la réalité, construction d’un univers parallèle plus vrai que le vrai). Le descriptif de l’histoire personnelle de sa maladie rejoint celle de sa vie. Aloïse est "chosifiée" prise en charge par un diagnostic omniprésent, mais restent ses dessins - et on en voit beaucoup - et son visage muré qui cache un monde intérieur, livré par l’œuvre seule. Un document précieux constituant l'unique témoignage visuel de l’artiste au travail.