Résumé
Un épisode de la série Les Nouveaux commanditaires qui décrit l'intervention de Rémy Zaugg et la réhabilitation d'un vieux lavoir.
Avis
Chaque épisode des Nouveaux Commanditaires s’ouvre sur cette question : "Qui dira maintenant la raison d’être de l’art ?" À l’initiative de l’association Les Nouveaux Commanditaires, l’artiste belge François Hers lance, en 1996, un programme de financement de commandes d’œuvres d’art qui émanent de la société civile. Cette action permet à des personnes confrontées à des enjeux de société ou de développement d’un territoire d’associer des artistes à leurs préoccupations. Son originalité repose sur une conjonction nouvelle entre l’artiste, un collectif citoyen commanditaire et une personne chargée de la médiation culturelle, de même que des partenaires publics et privés : toutes et tous collaborent autour d’un projet. Les films de François Hers et de Jérôme Poggi remontent le cours de neuf de ces projets, en France et en Europe.
À Blessey, hameau à une cinquantaine de kilomètres de Dijon, les vingt-six habitantes et habitants souhaitent réhabiliter le lavoir communal. Leur demande est d’une grande simplicité. Mais voilà que le médiateur des Nouveaux commanditaires fait appel à Rémy Zaugg. Pas question pour l’artiste suisse de renommée internationale de se plier à un projet qu’il trouve sans intérêt. Commence alors une longue bataille dans laquelle Rémy Zaugg va imposer sa vision, à coup de lettres et de croquis. Peu à peu, le projet prend forme, la population du village s’investit de plus en plus, prise à parti par cet homme exigeant. Le projet est totalement remodelé, le site aussi, un paysan ira même jusqu’à céder un bout de ses terres pour que l'artiste puisse aller jusqu’au bout de ses rêves. Cet épisode est l’un des plus passionnants de la série des Nouveaux commanditaires parce qu’il réussit à raconter - entre interviews, témoignages, lettres - la relation étonnante et complexe qui lie les habitantes et habitants, l'artiste et le monde artistique. C’est aussi l’un des rares épisodes à ne pas rapporter la parole de l’artiste puisque Zaugg est mort avant la réalisation du film. Très malade, il n’a pas pu se rendre sur place pour voir son œuvre achevée. Or, le paysage remodelé autour de ce lavoir et tout le travail autour de l’étang qui l’avoisine font du lavoir de Blessey un véritable tableau vivant, une belle œuvre qui rend à la nature environnante toute sa grandeur. Si les exigences de l’artiste ont ici aussi engendré de nombreuses questions et bien des conflits, elles ont surtout poussé les commanditaires à assumer leurs désirs et leurs ambitions, révélant à la fois la noblesse et la modestie de leur caractère.