Résumé
Un épisode de la série Les Nouveaux commanditaires qui décrit l'intervention d'Ettore Spalletti sur la "salle des départs" de l'Institut Raymond-Poincaré de Garches.
Avis
Chaque épisode des Nouveaux Commanditaires s’ouvre sur cette question : "Qui dira maintenant la raison d’être de l’art ?" À l’initiative de l’association Les Nouveaux Commanditaires, l’artiste belge François Hers lance, en 1996, un programme de financement de commandes d’œuvres d’art qui émanent de la société civile. Cette action permet à des personnes confrontées à des enjeux de société ou de développement d’un territoire d’associer des artistes à leurs préoccupations. Son originalité repose sur une conjonction nouvelle entre l’artiste, un collectif citoyen commanditaire et une personne chargée de la médiation culturelle, de même que des partenaires publics et privés : toutes et tous collaborent autour d’un projet. Les films de François Hers et de Jérôme Poggi remontent le cours de neuf de ces projets, en France et en Europe.
À Garches, dans l’Institut Raymond-Poincaré, le département qui prend en charge les morts décide de réhabiliter la "salle des départs", comme toutes et tous la nomment, l’endroit où les vivants viennent saluer leurs défunts une dernière fois. Jusque-là laissée à l’abandon, désertée, évitée, cet espace est comme un point noir dans l’Institut. Mais toute l’équipe de ce département désire un lieu qui apaise les vivants. Il n’est pas question seulement de décorer ou rafraîchir une salle, mais de concevoir un espace qui permette le recueillement et d’ "honorer l’homme mort". Cette salle des départs va retrouver, grâce à l’écoute et au travail de l’artiste italien Ettore Spalletti une toute autre dimension, devenant un espace où la couleur travaille l’architecture, construit des états et des atmosphères, réalise un entre-deux délicat et spirituel. À travers des images d’archives qui documentent le processus, des interviews avec les commanditaires et un entretien avec l’artiste, cet épisode est peut-être plus émouvant que les autres étant donné la gravité de son objet mais aussi parce qu’il raconte une très belle rencontre. À l’écoute des gens et de l’usage des lieux, Ettore Spalletti va adapter son projet cherchant à répondre le plus respectueusement possible à la commande. Une fois terminée, son œuvre va totalement changer le rapport à cette salle des départs qui acquiert une véritable place dans l’hôpital et remodèle même son usage. Et c’est évidemment le rapport à la mort elle-même qui change puisque la chambre mortuaire, conçue par l'artiste, redevient un espace vivant, public et commun au deuil.