Résumé
Le critique d'art Hector Obalk se lance avec son enthousiasme légendaire dans une analyse de l’œuvre de Lucian Freud par l’entremise d’une seule et même question picturale : le rendu de la peau.
Avis
Le film aborde l’œuvre de Lucian Freud par l’entremise d’une seule et même question picturale : la peau, telle que Freud l’a peinte au fil des ans. Ce point de vue simple, qui pourrait sembler presque anecdotique, s’avère en fait magistral puisqu’il se centre sur l’essentiel de la peinture de Freud, portraitiste avant tout obsédé de lumière et de chair. Composé de nombreux tableaux, de gros plans, le film va et vient dans les toiles qu’il parcourt chronologiquement et sur lesquelles il revient sans cesse pour en faire sentir l’évolution au fil des analyses techniques (l’usage de la brosse dure, l’introduction de l’oxyde de plomb dans les pigments), des commentaires historiques ou des appréciations esthétiques. Il nous balade dans les musées, nous apprenant peu à peu à regarder les toiles d’un œil neuf, au fil de l’accumulation du savoir qu’il nous donne. Sur cette question picturale très simple, mais très riche, Hector Obalk ajoute une mise en scène toute aussi limpide. Il se met en scène, se montrant en train de filmer les tableaux, de parcourir les musées, livrant ses plaisirs, ses interrogations et s’adressant directement à la caméra. Avec beaucoup de liberté et d’humour, il raconte sa quête, suspend ses interrogations, juge ou nous prend à parti. Une façon de questionner sa propre place de critique d’art et d’instaurer une complicité. Jamais positionné à partir de l’autorité d’un savoir à asséner, Obalk expose le lieu à partir duquel il prend la parole dans son film, celui de la curiosité et de ses interrogations. Il transmet plus que des connaissances sur une œuvre ou une passion pour la peinture, il déplie l’acte même de voir. En ce sens, sa démarche est brillamment pédagogique, elle ne consiste pas à enseigner un savoir mais bien plutôt une manière de regarder. C’est alors que le documentaire d’art est si passionnant, quand il se fait le récit d’un regard.