Résumé
Une caméra se promène dans l’Église Saint-Loup à Namur où l’artiste belge Marianne Berenhaut a réalisé l’installation 'Poupées-poubelles'. Sans commentaire, elle scrute ces étranges figures installées sur des prie-Dieu faites de déchets récupérés puis entassés dans des bas.
Avis
Balade de huit minutes, sans commentaire, au cœur de l’installation 'Poupées-poubelles' à l’Église Saint-Loup, à Namur. Sur des prie-Dieu, une quarantaine de poupées faites de déchets entassés dans des bas semblent participer à une étrange communion. Violaine de Villers promène son œil-caméra sur ces extravagantes fidèles. Les gros plans nous révèlent autant qu’ils dissimulent leur réalité. On les a déjà croisées dans le film 'Les Familles de Marianne Berenhaut', ces poupées molles composées de tout et n’importe quoi. Il y a la veuve, la mariée, des figures amputées, décapitées, provocantes aussi par ce silence, par leur nombre, par la façon de se poser-là. Féminisme brut, manifeste d’avant le discours. Corps déformés, vêtements, objets, ustensiles échoués de la mémoire, pour dire le quotidien et l’histoire, l’intime et le travail, la maternité et la guerre, le ménage et le sexe. Corps sans visage, infigurable, simplement absent et qui cependant, semble crier. La musique de Graham Riach enveloppe ces corps ravagés, s’en approche, s’en éloigne, nerveuse et hésitante.