Résumé
Plus de 40 ans après sa première diffusion, le réalisateur Alain Gomis retravaille plus de deux heures de rushes retrouvées pour proposer une nouvelle émission de "Jazz Portrait" où le point de vue adopté ne serait non pas celui du journaliste présentateur mais celui de l’invité, le musicien avant-gardiste Thelonious Monk.
Avis
Passage obligatoire pour les artistes en tournée, l’émission de télévision française Jazz Portrait a vu défiler les plus grands noms du genre. En 1969, c’est au tour du pianiste et compositeur de génie Thelonious Monk de s’y aventurer. Le résultat ? Une trentaine de minutes où l’artiste semble perdu, complètement dépossédé de la parole. Avec Rewind and Play, Alain Gomis déconstruit le discours de l’émission plus de 40 ans après sa diffusion pour nous proposer un autre point de vue, celui du musicien. Le réalisateur retravaille ainsi plus de deux heures de rushes retrouvés pour mettre en lumière la violence symbolique qu’un exercice médiatique comme celui-ci représente pour un artiste noir dans les années 1970 en France. On y découvre alors un Thelonious Monk qui se plie tant bien que mal à la pénible épreuve qu’on lui impose. On le fait attendre, on le coupe pour lui poser des questions qui n’ont rien à voir avec sa musique, on claque des doigts pour qu’il joue... Mais, dès lors qu’il se met au piano, l’artiste peut enfin s’exprimer librement pour s’affranchir des stéréotypes dans lesquels on essaie de l’emprisonner. Rewind and Play est une expérience dont on ne ressort pas indemne, un regard critique sur la fabrique médiatique de la représentation.