Résumé
André Markowicz a révolutionné le monde des lettres en proposant une nouvelle traduction de l'œuvre de l'écrivain russe Dostoïevski. Rencontre avec un homme passionné et passionnant.
Avis
Sur la couverture d’un livre, le nom de la personne qui traduit est une information qui n’est pas déterminante. On achète un nom connu et pour le reste, on se fie au sérieux de la maison d'édition. André Markowicz lui, est arrivé à imposer son nom à côté de celui de Dostoïevski, dont il s’était promis de retraduire toute l’œuvre en dix ans : pari tenu. Cette revisitation de l’écrivain russe, violente, heurtée, n’essayant en rien de rendre lisses les rugosités, de gommer les répétitions, a éclaté comme un coup de tonnerre dans le Landerneau des lettres. "Je ne veux pas rendre français l’étranger, mais permettre au français d’accueillir l’étranger." Il parle, il s’explique, habité par son travail, analysant ce qui caractérise la langue de Dostoïevski. Inspiré et heureux. Modeste aussi, car il connaît la somme de doutes, de recherches, d’illuminations qu’il a traversée et qu’il partage avec sa compagne Françoise Morvan, traductrice d'Anton Tchékhov... Couple soudé par un travail qui amène d’interminables et fertiles discussions, dans une complémentarité stimulante. Mais leur complicité ne s’arrête pas là. Françoise Morvan est bretonne, et voilà que l’insatiable Markowicz fait venir des poètes russes contemporains pour les transcrire en breton, qu’il se transforme en éditeur trilingue de la poétesse Anna Akhmatova, qu’il court au Québec pour qu’un poème celtique soit transposé en amérindien. Devant un homme aussi passionnant, plein de bruit et de fureur des langues, qui lie sa perception des mots et des phrases à la sensibilité actuelle - on l’appelle le "rappeur de la traduction" - le cinéaste propose un regard où l’intérêt du sujet, sa nouveauté prend le pas sur une réalisation d’une tonalité classique.