Résumé
Un poème cinématographique rigoureux, lyrique et intense construit autour de la figure d'Anton Webern, qui fut - avec Alan Berg et Arnold Schönberg - l'un des musiciens viennois à avoir marqué la musique contemporaine.
Avis
Un moyen-métrage qui est une super production, c’est-à-dire qui a trouvé l’argent de son langage, ce qui est plus que rare pour ce format. Thierry Knauff a su susciter autour de son projet. Anton Webern avec Alan Berg et Arnold Schönberg est un des musiciens viennois qui a marqué la musique contemporaine. Sa vie est paisible et sage entre le professorat, la famille, son œuvre austère, rare et janséniste. Mais sa mort absurde - il sera tué par inadvertance par un soldat américain à la fin de la Seconde Guerre mondiale - lui donnera une aura de fatalité qui lui conférera une image que sa vie n’avait pas portée. Le biais d’un fait divers soulignera l’urgence et l’importance de son travail de compositeur. Le film est et n’est pas une biographie. C’est-à-dire que toutes les images se raccrochent à une vérité, son enseignement auprès des enfants aveugles, l’omniprésence de la musique, sa vie de famille, son horreur de la guerre, son goût de la montagne, mais elles recomposent et transcendent tous ces éléments, dans un montage puzzle. Thierry Knauff, par son travail sur le montage, sur les associations d’images, donne de tout cela une vision poétique et lumineuse, une proposition d’équivalence plastique. Anton Webern est un poème cinématographique d’une grande intensité et si l’on peut rapprocher ces deux termes contradictoires d’un lyrisme minimaliste. La bande son est également un modèle de ce qu’un cinéaste peut offrir de plus musical à un musicien.