Résumé
Pierre Koralnik a filmé Francis Bacon dans son atelier envahi d'amis. Sous l'effet de l'alcool, le peintre va et vient et, prolixe, se confie. En plan-séquence, la caméra ne le lâche pas. Un document qui fait date.
Avis
Ce document impitoyable fait autorité. En effet, aucun cinéaste n’est parvenu, comme le réussit Pierre Koralnik, à traquer dans son atelier le peintre disparu en 1992 à l’âge de quatre-vingt-deux ans. Francis Bacon, dont les portraits de papes ricanant étonnaient déjà le monde, a reçu le cinéaste en 1964 dans son atelier envahi d’amis qu’il qualifie de vautours. Francis Bacon boit sans modération et sombre dans un délire de plus en plus halluciné. Il évoque son homosexualité, son obsession de la beauté masculine et sa jeunesse révolue. Avec une terrible lucidité, il parle de sa fascination de la magie picturale - celle qu’il admire chez Cimabue, Rembrandt ou Diego Vélasquez - quête toujours inassouvie. La caméra, dans un ballet étourdissant, suit en plan-séquence le mouvement du peintre sans le lâcher. Visage exalté qui livre, avec une verve à laquelle l’intoxication éthylique sert de combustible, ses jugements mélancoliques ou provocateurs sur l’art et la vie. Jamais un cinéaste n’avait filmé d’aussi près son processus de création, son intimité de marginal et d’artiste d’exception.