Résumé
Un film sur Cézanne sans Cézanne, c'est un peu le pari de la cinéaste belge Sophie Bruneau qui, en filmant l'atelier des Lauves, et surtout les trois femmes qui y travaillent chaque jour en dit plus sur la peinture que tous les doctes discours.
Avis
Sophie Bruneau, accompagnée à la caméra par la photographe Marie-Françoise Plissart, s’est installée pour un temps dans l'atelier de Cézanne dit atelier des Lauves. Cette bastide assez modeste située à Aix-en-Provence lui servit d’atelier entre 1901 et 1906, c’est-à-dire la dernière partie de sa vie. Cézanne travaille tous les matins dans ce grand espace baigné de lumière et de silence, parmi les objets qui lui sont chers. Trois êtres à présent se sont fait les gardiennes du lieu. Elles époussettent, désinfectent, accueillent et guident les visiteurs et les visiteuses... parfois elles restent là, présences tutélaires et paisibles comme imprégnées par l’atmosphère sensible qui se dégage du lieu. C’est que des fantômes rôdent et que l’invisible chuchote entre ces murs. Comme dans un tableau avec des pommes qui ne sont pas à croquer mais qui nous engloutissent, nous absorbent lentement dans le silence de la matière et dans la force des choses, le film lui aussi nous absorbe, nous fait entrer dans un état de contemplation muette où la lumière et les formes ont triomphé.