Résumé
In situ, c’est le travail de l’artiste suisse contemporain Felice Varini. Son terrain de jeu ? Tout espace architectural qu’il peut investir et modifier avec sa peinture. Le cinéaste Christophe Loizillon observe et enregistre ce travail et sa pensée en mouvement.
Avis
Proche, par certains aspects de son dispositif optique, de Georges Rousse auquel Christophe Loizillon a d’ailleurs également consacré un court-métrage, Felice Varini ne travaille pas comme le fait Rousse sur l’éphémère des œuvres, mais intervient de façon pérenne dans des lieux publics.
Son travail ? Peindre dans des espaces des formes variées (cercles, carrés, damiers…) en trompe-l’œil qui ne peuvent être vues que d’un seul et unique "point de vue privilégié".
Christophe Loizillon s’intéresse ici encore au corps. Il s’intéresse aussi au travail, celui de l’artiste en action qui arpente, mesure, trace, scotche, jauge, recule, revient, se pose pour réfléchir. Et, en effet, il y a de la pensée et beaucoup beaucoup de préparation avant de poser la première touche de couleur sur un mur chez Felice Varini. Avec une grande modestie, l’artiste nous explique son travail, sa méthode et sa nécessité à s’être affranchi à la fois de l’atelier et de la toile, un travail finalement vieux comme le monde, qui fait écho à celui des hommes et des femmes préhistoriques, peintres de surface comme lui.
Avec patience et attention, la caméra de Christophe Loizillon suit, en lents plans panoramiques, les lignes tracées qui agissent comme un révélateur et un transformateur du bâtiment. Mais la caméra est aussi là pour déformer et reformer les formes géométriques, donner à voir un désordre de lignes courbes à l’aspect chaotique et fragmenté, collant ainsi très exactement avec son propre outil à la pratique de l’artiste. Parfois encore, le jeu du cinéaste consiste à respecter la forme sans opérer aucune transformation lui conférant ainsi sa valeur quasi magique, laissant croire à l’illusion parfaite.
Paris, New York, nous voyageons avec eux dans les lignes géométriques de ces villes tracées par les êtres humains que nous relisons alors sous le spectre de l’illusion. Jouant sur l’ambiguïté d'une l’œuvre qui possède une matérialité mais semble pourtant en lévitation, l'œuvre montrée et le film nous questionnent tous deux très justement sur les rapports entre perception et illusion.