Résumé
Un documentaire qui interroge l'évolution du peintre espagnol Francisco de Goya, passé de peintre de cour à témoin féroce de son époque.
Avis
Un film de Jean-Paul Fargier plus proche du didactisme que de l’expérimental. Si la structure et la facture sont très classiques avec un suivi biographique précis et un parcours/catalogue souvent en plan fixe de ses tableaux majeurs. Ce balayage très histoire de l’art est ranimé par une interrogation majeure : pourquoi et quand Goya, peintre de la chambre du roi, portraitiste de la cour et de la noblesse, faiseur de cartons de tapisserie pleins de couleur et de vie, est devenu ce témoin féroce des "désastres de la guerre", des injustices de la société, des horreurs de l’Inquisition ? Bref, comment est-il devenu cet artiste sombre et violent, témoin implacable des atrocités de son temps et initiateur de la peinture moderne ? Le cinéaste suggère deux pistes. Celle qu’on peut lire dans l’évolution de ses autoportraits qui passent de la joliesse lisse à la facture tourmentée et sauvage, et celle plus existentielle d’un accident qui, à l’âge de quarante-sept ans, a failli lui ôter la vie et l’a privé de l’ouïe. Ce peintre qui n’était plus que regard, a vu la cruauté et la bêtise, l’arrogance et la souffrance et a décidé d’en témoigner jusqu’à ce que mort s’en suive, à un âge avancé à Bordeaux, exilé des fastes de la cour d’Espagne et de leur redoutable ressentiment. Une voix off raconte comme un livre lu. Les images des tableaux, des dessins ou des gravures illustrent ce commentaire, et des inserts des visages et des paysages de l’Espagne contemporaine viennent couper et actualiser les visions de Goya.