Avis

Celles et ceux qui n'auraient jamais, de toute leur vie, entendu la voix de Colette Magny risque d'éprouver un petit choc à la vision de ce portrait. C'est dans le jazz et le répertoire des chanteuses noires américaines que l'artiste française puise pour créer un univers qui ne ressemble à aucun autre. Mais très vite, elle refuse d'être la Ella Fitzgerald qu'on cherche à faire d'elle. Très vite aussi, elle envoie tout balader ! Car avec son nom rétro, son look de dactylo (ce qu'elle sera jusqu'à 36 ans), cette chanteuse et compositrice est sans aucun doute une figure majeure de la contestation politique.
Le film nous plonge dans les interviews qu'elle a accordées à la télévision et dans lesquels toute sa rage magnifique explose. Véritables documents historiques et poétiques, on y entend l’histoire des luttes des années 1960 aux années 1990 : de la révolution cubaine à mai 68, de la guerre du Vietnam aux combats des Black Panthers, des luttes ouvrières au péril écologique. On y entend bien entendu la lutte d'une femme, cette femme, qui s'est servi du blues, du free jazz, du collage, de l'anti-poésie pour exprimer des idées que beaucoup refusaient d'entendre.