Résumé
Plongée dans la photographie surréaliste, Stan Neumann joue à mettre en scène, grâce au cinéma, à l'art des cadrages et des détails, de nombreux clichés de Man Ray, Brassaï ou Dora Maar pour mieux en reconstituer l'élaboration et en dévoiler l'ambition.
Avis
Une plongée virtuose dans le travail de Man Ray, Dora Maar, Jean Painlevé ou encore Brassaï, pour n’en citer qu'elle et eux. Dans le sillage des surréalistes, le film de Stan Neumann dévoile leurs quêtes et recherches artistiques à partir de leur découverte de ce nouveau médium, presque magique, qui gravait le rêve dans le réel, désincarnait la réalité, donnait à voir l’au-delà du monde. Et c’est à travers les clichés que Stan Neumann nous promène. Ils sont au centre de son travail, ils sont la matière du film qu’il regarde patiemment pour en révéler le mystère, la force ou l’originalité. Sur un écran blanc (qui vient rejouer sous nos yeux la table lumineuse des tirages photographiques) et grâce à des lignes noires qui se meuvent dans le cadre (et rappellent les coupes papier à levier qui ajustent et tranchent net les bords), Neumann met en scène les photographies. Il les tourne et les retourne, les coupe ou les cadre, les agrandit, les éclaire ou les assombrit... Grâce à ce procédé qui met en scène les photographies elles-mêmes, il déconstruit les images sous nos yeux pour reconstituer les étapes de leur élaboration et les donner à voir du point de vue de l’objectif de l’appareil ou du bain photographique. Guidé par les commentaires érudits et passionnants d’une voix off en quête d’exégèse, se dévoile ainsi le regard qui a conçu ces images, l’intention qui les a manipulées, les gestes qui les ont fabriquées. La plus grande réussite de ce film ludique et passionnant est finalement de nous faire parcourir le trajet de l’intention artistique et de nous en communiquer le plaisir inhérent, celui de découper, de détourner, de surprendre.