Avis

"C’était avant, avant la sixième extinction, avant la disparition des animaux. En ce temps-là, alors que les oiseaux s’effaçaient lentement de nos champs, au temps où les forêts commençaient à brûler, certains avaient fait le choix d’apprendre le chant de la mésange."

Dans une bibliothèque, des jumeaux presque identiques mènent une enquête insolite. Vivant visiblement dans un futur où les oiseaux ont disparu, ils rassemblent des documents, invitent des spécialistes, analysent des partitions et des enregistrements sur leur chant. Cette question les guide : les êtres humains sont-ils capables d’imiter ces airs sublimes, voire même de les comprendre ?

Avec l’aide poético-burlesque de quelques expert·e·s du chant, des instruments de musique, de l’observation ou de l’étude, l’enquête piétine assez joliment. Pendant ce temps, dans une forêt du passé qui ressemble à notre présent, un couple d'ornithologues à l'affut écoute les chants sublimes et s’émerveille. À sa manière si libre et délicate, le cinéaste Erik Bullot nous invite à une balade visuelle et sonore insolite. Jouant du décalage, son film en forme de poème polymorphe passe avec fluidité de la fiction au documentaire scientifique, de la fable futuriste à la comédie musicale réinventée. Si certains ont fait le choix d’apprendre le chant de la mésange, Erik Bullot, lui, fait le choix politique de la douceur et de la légèreté pour nous rendre attentif à ce trésor qui pourrait très bientôt disparaître.