Résumé
Pendant deux ans, au gré de ses moyens financiers et techniques, le cinéaste André Colinet a filmé ses amis Marcel et Gabriel Piqueray, poètes et écrivains. Un film fait de rencontres, nourri d'inattendus, de facéties, d'interviews et de silences.
Avis
Peut-on parler de cinéma brut comme on parle d’art brut ? C’est-à-dire d’un rapport poétique, inventif et artisanal à la création. Une manière de filmer et de construire un film hors système et hors convention ? Pendant deux ans, André Colinet, cinéaste marginal (c’est-à-dire quelqu’un qui a besoin de filmer comme on respire) est allé voir ses amis Marcel et Gabriel Piqueray, poètes, écrivains, faiseurs de calembredaines, tripoteurs de mots et septuagénaires pleins de verve. Avec du Super 8, de la vidéo, du 16 mm peut-être, ils ont décidé de faire un film ensemble. Au gré des rencontres, de l’argent qu’il y avait, d’une équipe amicale, de ce qui se passait quand on disait "moteur". C’est magnifique et mal fichu. Mais un mal fichu tellement juste qu’on en remercierait presque le dieu du cinéma. Pas de scénario mais beaucoup de complicité, un montage bricolé et une justesse à pleurer. Bref, un cinéma différent, naïf, faussement naïf puisqu’il dit mieux que toute démarche académique qui sont les Piqueray. Donc Marcel qui mime un concert de jazz et lit ses textes ; Gabriel qui n’aime pas parler mais dit plus en disant cela que tous les beaux discours. Des maisons bruxelloises, des interviews respectueuses, des redites et une manière de ne faire qu’un avec son projet. Un irremplaçable document.