Avis

'La Vierge du Chancelier Rolin' permet à Alain Jaubert de situer Jan Van Eyck à la fracture de l’art médiéval et de l’art renaissant. Du premier, elle garde un certain hiératisme, le sujet religieux, l’omniprésence du Donateur. Du second, elle prend une autre conception de la perspective (centrale avec un point de fuite) et l’ouverture sur un monde profane et l’extérieur. Le gros plan cinéma permet d'entrer dans le paysage et de voir la multiplicité et la complexité des scènes du deuxième plan, remplies de microscopiques personnages qui s’activent dans tous les coins. Le réalisateur-commentateur aborde le problème de la symbolique : ici, chaque brin d’herbe, objet, fleur, animal, geste, sont des signes et le sens est partout. Une partie importante du film est consacrée à l’évolution des techniques picturales. Il s’agit de la première peinture à l’huile mais elle est encore peinte sur des panneaux de bois. Il ironise aussi sur la psychologie des grands de ce monde, le Chancelier Rolin étant un homme riche et puissant que la foi ne dispensait pas d’arrogance.