Résumé
Portrait de l'artiste polonais Roman Opalka et plongée en profondeur dans une œuvre obsessionnelle qui donne à contempler le temps.
Avis
Un jour, Roman Opalka a pris une des décisions les plus radicales de l’histoire de l’art contemporain. Pendant près de quarante-cinq ans, il a consacré sa vie à la réalisation d’un seul cycle intitulé 1965/1 à infini, une série de toiles de même dimension sur lesquelles il traçait invariablement en blanc sur noir, de gauche à droite, la suite des nombres croissants, depuis le numéro 1. Il en peignit cinq par an, chacune intitulée 'Détail'. Et il ajouta 1 % de peinture blanche au fond de chaque nouveau tableau. Ces peintures étaient "à la fois un document sur le temps et sa définition", dans une tentative d’inscrire sa trace irréversible. À la fin de ces séances, il se photographiait devant la toile, habillé d’une chemise blanche. Le visage se ride et s’efface progressivement, de plus en plus absorbé par la blancheur de la toile, annonçant l’inexorable disparition. De 1965 à 2011, l’artiste atteignit le nombre de 5 607 249, et réalisa des milliers de portraits. Andrzej Sapija fait des allers et retours entre l'atelier de l'artiste (qu'il filme en noir et blanc) et la nature environnante (qu'il filme en couleur). Il parvient à capturer la pensée radicale et obsessionnelle de trois manières cinématographiques : en donnant les données chiffrées des lieux visibles à l'écran, en laissant courir l'énumération de l'artiste au son, et en capturant des motifs qui se répètent et qui viennent faire écho à la répétition dans l'œuvre. De son côté, Roman Opalka nous livre sa pensée et sa vie et l'on entre dans ce film comme on entre comme dans une transe.