Résumé
Un film au plus près du processus de création de l’exposition Outremonde qui a eu lieu à la Collection Lambert, à Avignon en 2021. L’artiste Théo Mercier et son équipe inventent un monde de sable où se déroulera un étrange spectacle.
Avis
C’est de manière volontairement prosaïque que s'ouvre Voyage en Outremonde, le moyen-métrage réalisé par Pauline Abascal. Deux personnes poussent un transpalettes rempli d'un énorme sac de sable, puis avec l’aide d’autres personnes en déversent le contenu. Bleus de travail, coups de pelles et de pieds dans les sacs, pilonneuse : on pourrait tout aussi bien être sur un chantier sauf qu'on est dans les sous-sols de la collection Lambert, à l’abri d’un hôtel particulier du XVIIIe siècle au cœur d'Avignon.
Et il est assez réjouissant, voire assez sain, de constater que l’art contemporain à quelque chose à voir avec le travail manuel, l'entretien et la manutention et peut-être aussi avec les jeux d'enfants. L’enfant qui creuse ici, dans un petit tas de sable, s'appelle Théo Mercier. C'est lui qui, un pied dans les arts plastiques et l’autre dans la mise en scène a imaginé un ensemble de pièces en sable que des sculpteurs et sculptrices spécialisé.e.s sont chargé.es d’exécuter et que des personnages vont bientôt investir. Peu à peu, apparaissent à l'écran ruines gothiques, arbres morts et bouts de statues monumentales. Dans ces œuvres fragiles et éphémères, l'artiste fait évoluer des personnages fictifs costumés entre théâtre et performance. Pauline Abascal s’introduit alors dans cet espace devenu scénique mais le quitte très vite pour revenir à ce qui semble l’intéresser davantage, la recherche, les essais, bref le travail en lui-même mais surtout tout ce qui dans ce travail ne se laissera jamais maîtriser.