Résumé
Un film qui ose consacrer plus de vingt de ses trente minutes à William Cliff lisant de longs extraits de deux de ses ouvrages et une lettre de Conrad Detrez, l'homme qu'il a aimé.
Avis
Un film peut-il faire entendre la poésie ? C’est la question de ce film qui condense l’image autour du poète pour en faire jaillir cette poésie si charnue, de souffle et de rocaille, cette langue aussi familière qu’insoupçonnée. William Cliff y lit ses propres textes. Dans un premier temps, autobiographique, il se raconte ; dans un second temps, biographique, il raconte un ami écrivain, Conrad Detrez, mort du sida. Entre-temps, la poésie aura voyagé sur d’autres bouches, par la chanson (Arno a mis en musique l’un des poèmes), par une traductrice et des traducteurs qui disent des fragments dans leur langue (arabe, yiddish, espagnol, catalan, flamand), par un enfant qui récite de mémoire, par une traductrice gestuelle qui alterne silences et bruits de corps. Par la destruction physique du livre, enfin : le passage au pilon est un autodafé autorisé par les lois du marché. Tandis que cette voix de rimes, d’allitérations et de vers nous sera devenue naturelle. Un film de cinéaste, dans lequel l’écriture et la lecture forment la matière première du film.