Un film de Silvano Castano (1997, 52′)
“Comment concilier l’art et la vie ?” demandait Tina Modotti à Edward Weston qui lui fit découvrir la photographie et le Mexique. L’existence agitée, multiple et fracturée de la charismatique photographe est là pour dire qu’elle n’a jamais trouvé la réponse. Mais sa vie et son art, fussent-ils séparés, fascinent. Issue d’un milieu ouvrier dans l’Italie pauvre du début du siècle, elle a, comme son père qui la fait venir aux États-Unis où il avait émigré, les idées à gauche. D’abord couturière, puis mannequin, sa beauté la transformera vite en starlette hollywoodienne. Carrière brève car elle va être emportée par une suite de passions et de rencontres, chaque amour lui ouvrant un pays, un engagement, une vocation. Sa liaison tumultueuse avec le photographe américain Weston sera déterminante. Pendant huit ans, à ses côtés, elle deviendra, l’élève égalant le maître, une des photographes les plus douées des années 1920. Ses photographies d’abord artistiques, jouant sur les lignes et la composition prendront, en gardant la même rigueur de cadre et de regard, une coloration de plus en plus sociale et militante. Elle entre dans le cercle intellectuel et communiste des peintres fresquistes conduit par le muraliste El Coronelazo (David Alfaro Siqueiros). Elle deviendra l’égérie du révolutionnaire cubain Julio Antonio Mella qui mourra assassiné, puis de Vittorio Vidali, agitateur international et stalinien rigide qui la transformera en militante professionnelle du Secours rouge et du Komintern. Photographier lui semble alors du temps dérobé au Parti et à la cause du peuple. Elle jette, comme dira Pablo Neruda, son appareil dans la Moscova et ne sera plus que l’exécutrice des ordres du Kremlin à Moscou ou à Madrid pendant la guerre d’Espagne. Meurtrie par la victoire franquiste, amère et certainement lucide, elle reviendra au Mexique où elle mourra mystérieusement dans un taxi à l’âge de quarante-cinq ans. Le film, conduit par un commentaire très informatif, est construit sur des documents d’archives et des extraits de films. Il donne aussi la parole à quelques témoins ou analystes de la vie de Tina Modotti. La biographie y tient sans doute malheureusement plus de place que la photographie, mais sa vie a été si romanesque que le cinéaste n’a pu que se laisser emporter.
Doc sur le pouce (PointCulture Bruxelles) - Rue Royale 145 - 1000 Bruxelles
vendredi 11 juin 2021 - 12h30
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https://www.pointculture.be/agenda/evenements/tina-modotti-che-viva-tina/