Résumé
En suivant la biographie minimaliste de Bruegel l'Ancien dont on ne sait pas grand chose, le cinéaste aborde son univers à travers ses toiles que la caméra met en scène comme des témoins de son époque.
Avis
De Bruegel, on sait peu de choses. Simplement des noms de villes (Breda, Anvers, Bruxelles), un voyage en Italie, un mariage tardif, deux fils qui seront peintres eux aussi, une mort précoce, si on oublie qu’au seizième siècle, on faisait rarement de vieux os. Il n’a laissé ni lettres, ni écrits, mais environ cinquante dessins et autant de tableaux, que quelques prestigieux musées se partagent comme des trésors. C’est en suivant cette trame biographique sommaire, mais surtout en circulant à travers ses toiles, que le réalisateur va aborder son univers partagé entre fantastique et réalisme. Les tableaux donc présentés non comme une image fixe, mais mise en mouvement et en cinéma, parcourus comme des séquences narratives qui raconteraient une noce paysanne, la chute d’Icare, montreraient des jeux d’enfants ou mettraient en scène les fantasmes infernaux de l’époque ou la construction de la tour de Babel. Les personnages sont isolés, la scène est animée par des mouvements de caméra. Une musique guillerette accompagne les gens qui dansent, les vaches meuglent et les cloches sonnent. Cette circulation dans le sujet est parfaitement adaptée à l’œuvre de Bruegel, chaque tableau étant plein de saynètes savoureuses ou effrayantes, de détails pris sur le vif. Reporter du quotidien ou grand imagier des épouvantes de son temps, Bruegel l'Ancien est rendu vivant par un commentaire passionnant.