Résumé
Déambulation chapitrée dans les univers du sculpteur français César par la grâce d'une discussion entre l'artiste et Bernard Blistène.
Avis
Le film de Marc Petitjean, 'César', prend la forme d’une longue conversation décontractée entre deux hommes pour aborder le travail de ce sculpteur hors norme. Installés dans son atelier, face à face, Bernard Blistène et l’artiste entament une discussion qui va explorer toute l’œuvre de César. Quatre cartons "Fer", "Compressions", "Agrandissements" et "Expansions" viennent délimiter, dans cette balade en territoire césarien, les différents chemins explorés par l’artiste tout au long de sa carrière. Chaque moment est documenté de photographies ou d’extraits de films permettant de saisir l’artiste à l’œuvre dans chaque époque. La conversation leur fait remonter le temps, voyager dans les obsessions de César, circuler dans son travail. Et c’est surtout son rapport à la matière qui fait fil conducteur, son désir de "tenir les choses, les serrer et faire un parcours avec elles". César se livre ou s’amuse - tantôt avec simplicité tantôt malice - quand il tourne parfois autour du pot, refuse de répondre à certaines questions, embrouille un peu son interlocuteur. Et l’enfant qui tire la langue, derrière la barbe blanche, se dessine peu à peu derrière la figure de l’artiste imposant. La beauté du film de Petitjean est de nous faire entrer de plain-pied dans une intimité qui oublie - ou semble ignorer - la caméra. En filmant son corps en mouvement, son visage en gros plan, en captant des moments partagés, Marc Petitjean saisit avant tout un homme dans son rapport charnel et direct au réel qui l’entoure. Peu à peu, plus que le portrait d’un artiste, c’est le portrait d’un homme qui émerge à l’écran. Un homme qui passe par des métaphores culinaires pour parler de son art, qui exprime encore des doutes quant à son travail, qui continue à se demander ce qu’est un sculpteur, et qui retourne, d’une pirouette, dans son atelier, après avoir essayé divers couvre-chefs farfelus, tel un lutin farceur. Et l’on comprend, à travers cette déambulation passionnante dans la carrière de César, la popularité de cet artiste à l’accent chantant, farceur génial et artiste rabelaisien.