Résumé
Joël Godfroid filme le travail dans une aciérie. Dans un décor proche de l'enfer, des hommes minuscules, fragiles, tentent de contrôler les éléments qui se déchaînent.
Avis
Film expérimental ? Manifeste engagé ? 'Ergon' n’est pas une œuvre narrative, mais bien une invitation à regarder, à s’arrêter un moment sur un aspect du monde, celui du monde industriel. Dans une aciérie, Joël Godfroid filme au plus près le feu, la poussière métallique, les fourneaux, la ferraille, les machines et des humains soumis à la toute-puissance de la rentabilité, à un rythme qui n’a, justement, rien d’humain. Privé de tout commentaire, 'Ergon' nous enferme dans sa mécanique sans limites. Œuvre symboliste à l’image du culte et troublant 'Koyaanisqatsi' de Godfrey Reggio, il nous parle, comme lui, de cette vie en déséquilibre dans laquelle la nature se confronte au progrès, l’homme au système qu’il a lui-même créé. Et là où 'Ergon' rejoint de près le film sur l’art, c’est qu’il parvient à embrasser la beauté purement esthétique de la création humaine jusque dans ses pires horreurs tout en en critiquant la folie. Une industrie en forme de symbole qui porte en elle le germe de l’autodestruction, tout comme le portent en eux notre économie et notre corps.