Résumé
On ne le sait pas forcément, mais le dramaturge Eugène Ionesco a fini par troquer le stylo contre le pinceau. Thierry Zeno dresse un portrait éclaté d'un artiste plein de malices et de contradictions.
Avis
Eugène Ionesco lit ses textes, sa voix est métallique, atonique et forte. Ses mains faisant des peintures, puisque lassé par les mots il est entré dans le silence des couleurs. Son visage en gros plan, on angoisse en plan constant. Son humour et son art enfantin de l’esquive en plan général. Un film déconcertant construit en deux parties, qui mélange l’œuvre du dramaturge et de l’écrivain (majeure) et celle du peintre (tardive). Il dit, et c’est son mérite, beaucoup plus de choses que son sujet ne voudrait en avouer. Ionesco est là, très fortement livré et roublard, réticent et donné. Thierry Zéno a mêlé les interviews, le reportage dans l’atelier où l'artiste travaille à Saint-Gall, le commentaire qu’il fait, faussement naïf, de ses peintures, des extraits de pièces, des paysages suisses, pour nous donner un portrait détourné, en contradiction et en puzzle de ce bavard qui dit "J’aime la peinture, c’est l’art du silence" et de ce discret "Je vis de mes cauchemars".