Résumé
Cinéaste de l'intime et du portrait, Alain Cavalier entre dans l'œuvre du peintre français Georges de La Tour en contemplant simplement l'une de ses toiles, en partageant les questions techniques qu'elle soulève et l'émerveillement qu'elle fait naître en lui.
Avis
Un exemple du regard et de la méthode Cavalier, de sa manière d’aborder le réel, pudique et personnelle, respectueuse de ce qui est en face, que ce soit d’un personnage, ou comme ici d’un tableau. La voix du cinéaste non nettoyée, avec ses "hein" et ses hésitations, conduit le film dans une conversation avec l'audience, peut-être aussi avec lui-même. Elle donne au film une grande fluidité, celle d’un monologue un peu vagabond qui interroge, par exemple, la différence entre le cadre de l’écran et le cadre d’un tableau, ou fait part d’un souvenir intime. On est ici dans les problèmes précis et justes d’un faiseur d’image qui en questionne un autre, dans une subjectivité ou une affectivité revendiquées. Alain Cavalier entre dans l’œuvre du peintre par la porte étroite, celle du faire et de la complicité, peu lui importent les exégèses d’historiens ou les grandes théories critiques. Pour lui un tableau est avant tout un objet à la fois familier et magnifique qui le touche : c’est cette émotion qu’il transmet. Et sans avoir l’air de toucher à rien, à la fin du film, il nous fait comprendre ce qu’était la peinture de Georges de La Tour.