Résumé
À Kinshasa, une dizaine d'anciens membres de gangs violents ont formé un groupe de percussionnistes, les Beta Mbonda. Ils jouent avec tout ce qui leur tombe sous la main et construisent entre eux une nouvelle fraternité.
Avis
Comme un écho à ses travaux photographiques réalisés depuis de nombreuses années en République Démocratique du Congo, Marie-Françoise Plissart signe un documentaire à la fois vital et contemplatif sur un douzaine d'anciens Kulunas, des délinquants issus de gangs criminels instrumentalisés par le pouvoir politique et édictant leur loi à la population locale. Devenus aujourd'hui musiciens du groupe les Beta Mbonda, ces garçons ont transformé leurs vies par la musique et ainsi scellé leur amitié. Entre petits boulots et improvisations musicales, ils inventent des rythmes et chantent les difficultés de la vie quotidienne avec un esprit de jeu aux apparences légères. Tel un chœur grec, à partir d’instruments traditionnels ou d’objets banals, leurs chants résonnent dans l’espace de Kinshasa et se font l’écho d’une ville-Monde à la dérive. La réalisatrice offre des plans larges, des moments de rêveries aux sons des tambours, des petites scènes théâtralisées qui apportent un décalage heureux face à la violence socio-économique décrite dans les chansons. Elle se tient à contre-courant du cliché habituel consistant à filmer Kinshasa à toute allure et dans le chaos. Sans aucun misérabilisme ni pathos, elle construit son film comme une sculpture qui raconterait, par l’évidence de sa forme, la nécessité de construire ensemble, de prendre possession d'un espace et d'un temps qui devraient nous appartenir. Un film inclassable, qui chaloupe entre documentaire et fiction, à l’endroit juste où le plaisir de jouer rebondit sur celui de l’enregistrer.