Résumé
Lettre ouverte d'un ami-cinéaste au peintre Stéphane Mandelbaum, obnubilé par ses racines juives, ébloui par les figures artistiques de la transgression, captivé par la pègre et les voyous au point de s’y perdre et d’y laisser la vie.
Avis
Un film hommage post mortem à un peintre fulgurant, disparu à l’âge absurde de vingt-cinq ans, fait par Gérard Preszow, cinéaste et ami. Chant funèbre, lettre ouverte à un assassiné. Ce film aurait pu être dans une proximité qui ne rendait pas la juste distance. Or le portrait qui est fait de Stéphane Mandelbaum signale son intensité de vie et sa volonté suicidaire. Surdoué, "mauvais garçon", dessinateur instinctif et magnifique, peintre proche de Francis Bacon et Egon Schiele, Stéphane Mandelbaum porte en lui le poids de l’holocauste et exprime sa révolte en vivant à "sexe répandu". Trafiquant dans des zones troubles, il va mourir comme un obscur truand dans une histoire de trafic d’œuvre d’art. Reste ce que montre le cinéaste, les multiples dessins au stylo, couvrant les pages de graffitis, de messages, d’interrogations, de souffrances et de pensées et ses tableaux livrés au rouge du sang et au noir de la mort. Vivant, il se représente comme livré à la violence du supplice. Dans une lettre, il parle des femmes, des armes à feu, du sexe, du vol, des attaques à main armée, de toutes ses tentations d’anéantissement finalement. Gérard Preszow conduit son film entre deux cérémonies d’adieu, celle conduite par un rabbin et celle des femmes africaines qui l’ont aimé. Et les musiques, du chant yiddish ou celles de l’Afrique ou de l’Europe frappent en plein cœur.