Résumé
Dans la profondeur d'un bois près de Paris se trouve une œuvre monumentale, testament de Jean Tinguely, 'Le Cyclop'. Le film est l’histoire de cette création qui a demandé trente ans de travail.
Avis
Près de Paris, dans la profondeur des bois de Milly-la-Forêt se trouve une œuvre monumentale, une sculpture musée. 'Le Cyclop', œuvre testament de Jean Tinguely, est la propriété de l’État français qui a, depuis 1991, la charge de l’entretien de ce travail "cauchemardesque et enchanteur". Le film est l’histoire de cette création qui a demandé trente ans de travail. Il y a d’abord le récit quasi rocambolesque de cette entreprise titanesque en butte à l’hostilité des saisons, au vandalisme des promeneurs et promeneuses qui pendant sa construction transformaient "ce tas de ferraille" en stand de tir. Sans compter les retards et aléas liés aux finances et au désir de Tinguely. Il fait également le portrait de l’artiste et retrace les étapes principales de ses recherches. Après ses études aux Beaux-Arts de Bâle, sa venue à Paris, son impossibilité de terminer un tableau (représentation immobile) qui ne lui convenait pas, son désir de s’inscrire dans un art du mouvement et de l’éphémère. Il fera les Méta-Malevitch, la première machine autodestructrice à New York (1960), 'Eurêka' (1964), les 'Rotozaza' (1967). L’homme est évoqué avec sa profonde générosité, sa folie, son humour, sa rigueur. Il le restitue aussi dans la conjoncture historique des Nouveaux réalistes, école conduite par le critique Jean Restany, puisqu’il a invité tous ses camarades à participer à la construction de son cyclope : Arman, Jean-Pierre Raynaud, Alberto Spoerri, César, Niki de Saint Phalle. Il y a aussi l'hommage à Yves Klein, disparu en 1962. Le film alterne les témoignages, les images d’archives et devient ainsi un document important et intelligent sur un artiste et une période passionnante de l’art contemporain. Le commentaire précis et informatif ne tombe jamais dans le ronron du didactisme.