Résumé
Photographe attitré du Corbusier, Lucien Hervé, dans l'intimité de son appartement, raconte l'évolution de sa pratique, sa rencontre avec l'architecte, tandis que se découvrent à l'écran nombre de ses clichés.
Avis
L’un construit avec le béton, la pierre, la brique et le verre, l’autre imprime sur papier ce que son œil et son appareil ont saisi et recadre le tout avec l’indispensable paire de ciseaux. Pour les férus de photographie, le nom de Lucien Hervé est indissociable de celui d’un des plus grands architectes du 20e siècle, Le Corbusier avec lequel Hervé travaillera de 1950 à 1965 et pour lequel il réalisera plus de 20 000 clichés. Dans l’intimité de son appartement parisien qu'il occupe avec sa femme Judith, peu de temps avant sa mort, le cinéaste belge, Gerrit Messiaen, libère la parole d’un homme visiblement peu enclin à la confidence mais qui se raconte ici avec sincérité et pudeur. Souvenirs d’enfance, souvenirs d’un homme politiquement engagé, le propos est illustré par les clichés noirs et blancs d’Hervé d’une beauté et d’une puissance d’évocation sidérante.
Au plus près et au plus juste, le film dévoile toutes les facettes de cette personnalité hors du commun et glisse, en filigranes, un deuxième portrait, celui de Rodolf Hervé, fils de Judith et Lucien, lui-même photographe et mort prématurément, qui vient imprégner le film, comme un négatif photographique où chaque zone claire s’assombrirait inexorablement, où chaque ombre deviendrait aveuglante de clarté.