Résumé
Portrait d'un quartier de Marseille filmé en 1929, et réalisé par László Moholy-Nagy qui expérimente, pour la première fois, le film urbain et garde son esprit constructiviste.
Avis
"J’avais à ma disposition une longueur déterminée de pellicule (300 m) et j’ai pensé qu’il ne fallait pas présenter l’ensemble d’une grande ville sur si peu de pellicule. Alors j’ai choisi un quartier, le Vieux-Port, partie peu connue du public à cause de sa triste situation sociale, de sa misère et de son insécurité. Je n’ai pas voulu faire un reportage purement impressionniste, mais finalement, j’ai dû me contenter d’une esquisse de la situation, je n’ai même pas fait des prises de vue plongeantes pour mieux saisir l’ensemble. Quand, dans les quartiers sombres, j’ai pu enfin pénétrer dans un appartement en hauteur, on m’y a reçu avec tant d’hostilité que j’ai dû fuir rapidement et, dans la rue, on m’a souvent sérieusement menacé." László Moholy-Nagy fait un sévère descriptif des conditions de tournage et cela rend, finalement, plus éclatante encore la réussite du film : qualité du regard, sens des visages et des gestes, de l’observation des petites choses de la vie. Sans aucun folklorisme du genre "misère et soleil", il sent et montre la diversité des activités, le grouillement des enfants et des chats, les mini situations et hasards de rue, la rencontre de l’eau et de la terre, de l’ombre et de lumière. Tous les plans sont pensés dans un esprit constructiviste, un jeu de lignes et de formes, des perspectives novatrices, des gros plans. De ce kaléidoscope, surgit un portrait qui s’appuie sur les recherches de l’avant-garde et n’élimine ni le tremblé de la vie ni les préoccupations sociales.