Résumé
À partir de cartes postales illustrées, très populaires au début du 20e siècle, Luciano Emmer reconstruit un itinéraire amoureux entre une jeune fille et un soldat en mêlant photographies, dessins, textes imprimés, papiers découpés et séquences animées.
Avis
Les cartes postales illustrées, très populaires du début du 20e siècle, présentaient une grande variété d’images photographiques ou illustrées correspondant à une multitude d’expressions, d'émotions ou de situations. Elles étaient un moyen de communiquer sans même exprimer par l’écrit ses sentiments intimes. Luciano Emmer remarque leur capacité à construire un récit : "En disposant ces séries selon une chronologie sentimentale et psychologique, on voit naître naturellement un récit : conventionnel et primitif, car c’est son essence véritable, mais très humain, car il naît d’un des documents les plus sincères et intimes du peuple."
Les cinéastes procèdent à une reconstitution imaginaire d’atmosphères et d’un récit d’amour à travers des cartes postales qui se veulent représenter les phases d’une relation amoureuse : la séduction, la découverte, la passion, les doutes, l’éloignement (dû à la guerre), les retrouvailles, la naissance des enfants. Mêlant photographies, dessins, textes imprimés ou motifs en reliefs, enrichi de découpages et de petites séquences animées, ce film semble une récréation, une respiration parmi leurs productions plus sérieuses. L’humour tendre qui s’en dégage, l’atmosphère parfois surréaliste (on pense aux photomontages de Jacques Prévert) en font un film à part dans l’œuvre de Luciano Emmer. Sa légèreté le rapproche davantage de 'Dimanche d’août' que des films sur Giotto. Ce film fut banni par le ministre de la culture mussolinien de l’époque car, selon lui, cette satire de la romance entre une jeune fille et un soldat était une insulte à l’amour d’un héroïque soldat fasciste.